[RP] Funérailles Alexandre de Cheroy

Mercredi 24 février seraient célébrées les funérailles d'une figure du duché d'Orléans. Comme toutes les personnalités il avait eu autant de soutiens que de détracteurs. Elle avait été sollicitée par Kali pour officier et elle avait naturellement accepté, elle apporterait ainsi son soutien à la veuve pour avoir perdu son premier époux, elle savait que c’était une épreuve difficile. Elle avait donc abandonné momentanément le duché de Guyenne qu'elle dirigeait encore pour quelques jours pour pouvoir préparer la chapelle.

Accompagnée de quelques servants, elle prit soin de préparer la chapelle pour accueillir la dépouille, la famille et les proches.

La mort....La mort rôdait autour d'elle. D'abord Feodor, puis Tomrone et maintenant Alexandre. Etait-elle donc si insatiable ? Entrait-on dans une série macabre. Léanore n'osait le penser.
Une cérémonie intime aurait lieu avait dit Kalimalice et dès que Léanore sut le jour et l'endroit, elle s'était hâtée pour pouvoir se rendre à cette cérémonie. Plus que comme vassale, c'était en tant qu'amie de la famille qu'elle vint. Elle avait eu peu de rapports avec le défunt puisqu'elle était vassale de Kalimalice mais le peu qu'elle avait eu de contacts, elle se souvint qu'ils avaient toujours été simples et surtout combien le Duc l'avait soutenue lors de ses déboires avec son premier époux. IL avait été aussi de très bons conseils.

Lorsqu'elle arriva, elle vit avec satisfaction qu'elle n'était pas en retard ni parmi les dernières. Elle ne l'aurait pas supporté, consciente combien il était important qu'elle soit là.

Un mouchoir à la main, une cape sombre sur les épaules pour la protéger des derniers froidsde l'hiver, elle remonta l'allée de la chapelle, le front fermé jusqu'au petit groupe déjà formé autour de Kali et du cercueil.

Bonjour Votre Grâce.... Octave....

Puis elle prit Kali dans ses bras pour l'étreindre. Cette femme avait double raison d'être abattue : son époux mort et son fils bien malade.

Cette fois le chemin vers Sully n’avait rien d’exaltant, rien de réjouissant. Vêtue de noir, c’est le cœur lourd qu’elle se laissait emporter par une voiture aux armes de Tremblay-en-Chartrois.



Qu’il était déjà loin le temps où elle parcourait ces chemins à cheval, pressée d’arriver chez Alexandre de Chéroy, pressée de reprendre le fil de leurs conversations.

Ils en avaient passé du temps ensemble à reconstituer la vie de Fauville, l’histoire d’Orléans et même celle du Royaume parfois ! Elle posait des questions, prenait des notes et lui, il répondait auxdites questions. Quand elle ne comprenait pas ses réponses parce que déjà les choses avaient bien évolué et que déjà les institutions avaient changé, il prenait le temps de lui en faire l’historique se référant parfois aux notes de son père qu’il gardait précieusement.

Elle ne put empêcher un léger sourire de venir fleurir sur ses lèvres. Elle avait beaucoup appris avec le duc du Dunois ! Elle avait apprécié sa façon de voir les choses, de dire à voix haute ce que d’autres ne faisaient que penser, d’oser aller contre les courants en vogue. En bref, elle avait aimé son franc-parler même si elle n’était pas toujours d’accord quant à ses idées. A la Chambre des Nobles, elle l’avait toujours perçu comme une sorte de courant d’air frais qui vient faire voler le paquet de feuilles bien rangées. Il arrivait, il repartait et entretemps il avait suscité la polémique et rafraîchit l’atmosphère.

Elle soupira en voyant les puissants murs de Sully. On y était presque. Encore un peu de temps et on verrait la cathédrale Saint-Ythier. La voiture s’arrêta, elle en descendit, entra dans l’édifice religieux.

Kalimalice était là, bien entourée. La Blésoise s’en approcha, attendit qu’elle se tourne vers elle, la prit dans ses bras pour une chaleureuse accolade, lui murmurant

Je suis profondément désolée Kali. J’aurais voulu que tu ne connaisses jamais cette souffrance.

Elle la lâcha, gardant encore ses mains dans les siennes quelques instants, puis elle salua d’un signe de tête ceux qu’elle connaissait avant d’aller prendre place pour suivre l'office funèbre.

Octave arriva le premier, elle le gratifia d'une chaleureuse accolade. Le jeune homme lui manquait, les courriers palliaient un peu à celle-ci et à la distance. Puis vint le corps entouré de bois, elle s'assombrit. Il était toujours étrange de voir quelqu'un qu'on avait connu et même apprécié : immobile , sans vie. Puis son regard finit par quitter le défunt pour aller se poser sur Kalimalice. Elle lui adressa un sourire réconfortant. Elle savait que celle-ci aurait besoin de chaleur et de soutien et non de pleurs.
Elle prend l'Orléanaise dans ses bras un instant, lui communiquer un peu de chaleur.

Ma place était ici.
Tu me manques également.

Puis les amis et proches de Kalimalice arrivent, elle les salue un à un. Elle les connaît tous. Elle se tient en retrait pour devenir l'officiante. Les dernières funérailles qu'elle avait célébré étaient celles de sa sœur, à Chateauneuf.

Kali, nous commençons dès que tu le souhaites.

DEs mains qui se serrent furtivement, des baisers humides qui se mêlaient aux larmes qu'on tentait de retenir, des chuchotements comme s'il ne fallait pas déranger l'homme qui dormait pour l'éternité.

Kali acquiesça doucement de la tête pour lancer la cérémonie et chacun prit place faisant corps dans la prière

Après tous nos regards qui ont croisé le sien, qu’il puisse enfin voir le tiens seigneur.
Seigneur ne détourne pas ton regard de notre ami.

Après l’amitié qu’il a reçu et qui a guidé sa vie, accorde lui l’amitié ultime qu’est la tienne Seigneur.
Seigneur ne détourne pas ton regard de notre ami.

Après les peines et les larmes qui ont obscurci sa vie, illumine sa route pour l’éternité.
Seigneur ne détourne pas ton regard de notre ami

Seigneur, nous tournons vers toi nos espoirs à l’heure où disparaît le corps de l’ami qui nous est cher.
Accorde-nous l’espérance de le revoir auprès de Toi pour les siècles des siècles.
Amen

Puis vinrent des gestes symboliques, forts : la lumière, la croix, des présents...... ET des mots. Etait-elle prête elle pour ce moment ? Elle en doutait. Elle voyait cela de loin, n'y pensait pas
ou très peu. Et pourtant en y repensant, la mobilisation en Champagne avait souvent jeté dans son esprit ce voile noir.
Parler d'Alexandre.... Léanore n'aurait su. Furtivement elle jeta un regard autour d'elle. Qui prendrait la parole ?

Tout à coup, elle se leva. Elle avait craint de prendre une place qui n’était pas la sienne. Elle pensait que des personnes plus proches du défunt prendraient la parole, que ce rôle ne lui revenait pas.

Mais la cérémonie avait repris son cours par manque de témoins de la vie d’Alexandre. Prise de court, elle attendit que Xalta ait fini de parler.

Xalta, Kali,  … pardonnez-moi d’interrompre le cours de la cérémonie. J’aurais dû réagir plus tôt mais une sorte de pudeur ou de réserve m’en a empêchée, imaginant que d’autres le feraient.

Je voudrais parler d’Alexandre, dire ce qu’il a été pour moi. Je l’aimais bien et, s'il m’entend, j’aimerais qu’il sache que sa mort me fait de la peine.

Mon premier contact avec lui c’est quand il m’a écrit pour me demander d’être sa secrétaire. Il voulait me charger de lui écrire ses textes mais aussi de lui dire ce que j’en pensais. Malgré qu’il impressionnait beaucoup la toute jeune dame que j’étais alors, j’ai accepté. C’est ainsi que j’ai découvert une des qualités que j’appréciais le plus chez lui. C’était un homme qui reconnaissait ses torts, qui ne cherchait pas de faux-fuyants. Il assumait ses erreurs, ne se prenait pas pour Aristote et pensait qu’il avait à apprendre des autres.

L’étape suivante a été qu’il m’a proposé de devenir sa vassale mais mon suzerain m’a signifié qu’il préférait ne pas partager. J’ai dû refuser et je crois lui avoir fait un peu de peine à ce moment-là.

En Chambre des Nobles, j’aimais quand il surgissait. Je dis « surgissait » parce que je ne vois pas d’autre mot adéquat. Il arrivait tout à coup parfois après une longue absence, disait ce qu’il pensait sans se préoccuper d’être dans ou contre le courant de pensée. Il disait souvent vrai. Puis il repartait, il avait un peu secoué la noblesse et ça faisait du bien.

Puis est venu le jour où je lui ai écrit parce que je rédigeais la biographie du duc Fauville, son père. Il a immédiatement accepté de me recevoir à Chéroy et de me consacrer du temps. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois pour de longues discussions au cours desquelles il me racontait son père, mais aussi les débuts du duché d’Orléans, les guerres, l’évolution des Institutions. Il était une véritable mine de renseignements, se basant souvent sur les écrits laissés par le duc Fauville. Il n’hésitait pas à me confier des documents, à m’éclairer à propos de choses que je n’avais pas connues.

Je garde de ces moments un souvenir très agréable. C’était des conversations en toute simplicité, pendant lesquelles il n’y avait ni duc ni dame, rien que deux personnes qui parlaient d’une passion commune : le duché d’Orléans

Une passion qu'il concrétisait par des dons divers. Le plus bel exemple étant le geste posé par les ducs Alexandre et Ursus lorsqu'ils ont offert le port d'Orléans au Duché.

Elle se tut consciente d'avoir perturbé la cérémonie, reprit sa place

Excusez-moi de m'y être prise aussi tard, mais il m'a semblé que je devais évoquer ces souvenirs


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