Du retour des fiancés du soleil

Antoine et Cae venaient d'arriver à Chéroy. L'annonce de leur arrivée semblait receler une urgence.

Le garde bienveillant avait répondu favorablement à sa requête et mené jusqu'au pas de la grande porte en bois massif de l'entrée où un des valets du Domaine des Chéroy prit le relais afin de mener le Comte et la Vicomtesse jusqu'au Duc Alexandre... Cependant le rythme de marche du domestique était bien trop soutenu au goût du Diplomate qui se remettait lentement des afflictions dont il avait été atteint depuis bien des mois!

" Mens leù! "

S'appuyant avec soutenance sur sa canne issue des meilleurs ouvriers de la papauté, au bois richement travaillé et dont la crosse était sertie de divers joyaux, Antoine entendait résonner à travers les couloirs le bruit sourd de chaque choc avec les dalles jonchant le sol de la demeure.
Puis le valet vint frapper à la porte de manière tonique, trois coups rapprochés comme lui avait demandé le Comte, signe de fabrique des entrées de ce dernier.

Cette visite elle l’appréhendait et la souhaitait tout autant.

Quel allait être l'accueil de son oncle après une année de silence ? Comprendrait-il qu'elle s'était retirée du monde après avoir avoir appris le décès de son cher fiancé, dix jours avant leurs noces ?

Elle avait revêtu une simple mais élégante robe pour la circonstance et dans le carrosse qui l'emmenait vers le domaine des Cheroy, elle quêtait dans les yeux de son fiancé, son approbation. ...

Tant de temps avait passé, la trouvait-il aussi jolie ?

.... Fiancé ! si Alexandre de Cheroy leur donnait sa bénédiction. Elle en tremblait toute.


Elle secoua sa crinière d’ébène, voila bien pensée de coquette femme alors que de cet instant allait dépendre leur bonheur !




Elle lui murmura :

Mon ami, que va-t-il en être de cette visite ? j'ai un peu peur.
Son cœur se serrait quand elle le voyait marcher encore avec difficultés, mais qu'importait ? il se remettrait et vite, elle y veillerait.

Il frappa à la lourde porte de chêne. Elle serra sa main.

" N'ayez crainte, ma mie, nous sommes là pour vous! " Glissa le Comte à son oreille, non sans serrer sa main dans la sienne afin de lui transmettre quelques forces

Les paroles du Duc lors de leur entrée évoquèrent l'étonnement. Tout comme l'ensemble de leurs familles respectives et de leurs amis qui croyait que les deux tourtereaux étaient passés de vie à trépas. Il faut dire que pas loins d'une année s'était écoulée sans nouvelles!
Le Diplomate exécuta une génuflexion d'usage agrémentée d'un abaissement de la tête

" Vostre Grasce, c'est un honneur et un réel plaisir... "

La Vicomtesse Caerellyn essaya tant bien que mal de présenter la situation et le pourquoi du comment de cette venue impromptue, mais l'émotion la fit bafouiller. Antoine lui eflleura la main afin de lui indiquer qu'il allait prendre le relai, son regard plongeant dans les yeux emeraudes de son ange

" Ce que vostre charmante nièce souhaitait vous annoncer concerne une demande fort importante pour notre avenir et celui de nos familles.

Depuis de nombreuses années, nous éprouvons de forts sentiments amoureux l'un pour l'autre. Le Très Haut ayant su éprouver nostre amour à travers les différentes épreuves que nous avons traversé... Mais nous souhaiterions désormais pouvoir nous unir afin de former une grande famille aimante! "

S'approchant du Duc pour mettre un genou au sol, son regard dirigé vers celui d'Alexandre

" C'est pourquoi, en respect des us et coutumes, je désire demander la main de vostre nièce afin d'obtenir vostre bénédiction "

L'avait-il bien prononcé ? Ne rêvait-telle pas ?
Elle croisa fébrilement ses deux mains sur ses genoux, les serrant fortement l'une contre l'autre afin de reprendre contenance.
Pâle, elle s' agrippa aux accoudoirs du fauteuil, se leva et s'approcha de son oncle, inclinant profondément la tête.

Oncle Alexandre, voici presqu'une année écoulée, effectivement, nous parlions fiançailles puis épousailles. Le Malin a frappé et m'a ôté en un instant, tout espoir de bonheur, sans Antoine, que valait ma vie ?
Aujourd'hui, icelieu ... Elle avait peine à retenir ses larmes ... Par vos paroles, le Très Haut me permet de renaitre et d'enfin, retrouver ce bonheur que je croyais à jamais perdu.

Merci.

Gorge nouée, elle ne put en dire plus. Ses émeraudes plongés dans ceux de son oncle, exprimeraient tout ce qu'elle ne pouvait énoncer.

Merci.