Maisons des Chéroy
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 Un message posthume.

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La Hire

La Hire


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MessageSujet: Un message posthume.   Un message posthume. EmptyMar 7 Fév - 22:43

Soirée de contraste ...

Un bal en l'honneur du mariage du couple ducal orléanais ... Alexandre et Kali Marie Liselotte, Céleste ... une pléiade de nobles dames et seigneurs arborant des toilettes confectionnées dans les soieries les plus riches, les plus rares, les plus belles, et mettant en valeurs des parures de bijoux les plus brillantes les unes des autres. Le gratin de la noblesse du royaume de France, la Reyne en personne ! Journée de réjouissances et d'allégresse faisant oublier les guerres, la misère, la famine, la mort...

Un écuyer ... un élève avant tout même si sa formation semble terminée de par l'absence de son mentor. Jeune, intrépide, insouciant... quelque peu mal à l'aise dans cette soirée où les roturiers semblent se compter sur les doigts d'une main. Heureux d'être là néanmoins pour partager la joie de la mariée, sa marraine, et de son époux qu'il connaissait peu mais dont il avait beaucoup entendu parler. Heureux d'être là non loin de son seigneur et prêt à répondre à son appel le cas échéant même s'il avait quartier libre en cette soirée. Heureux d'être là en charmante compagnie, Zelenka la belle Lame brune, et espérant la faire tournoyer lors du bal... cependant Etienne de Vignolles était perturbé même s'il parvenait à le cacher mais y parviendrait-il longtemps ?

Parmi les invités deux femmes qu'il avait déjà approchées : deux duchesses ... deux sœurs ... Anya de Puycharic et Akane de Cany.

deux sœurs ... mais qu'un message ! un message ... et de quoi s'interroger.

Au départ l'errant lui avait parlé d'une sœur, Anya. Puis au service de sa grâce Lexhor, il avait rencontré Akane sœur d'Anya ... et le doute. Qui était la seconde femme cette jolie duchesse aux cheveux noirs et au regard couleur azur qui visiblement faisait tourner la tête de son seigneur. Et ledit seigneur ... Que le monde était petit !! Après avoir été entrainé par le chevalier errant, il était à présent au service du meilleur ami de son mentor. Anya, Lexhor, Akane ... Qui était-elle ? Avait-elle elle aussi un lien de parenté avec l'errant au même titre que sa sœur Anya ? Bulvaï l'avait-il su avant de mourir ? Sur ce point, La Hire était persuadé que non, dans le cas contraire, le seigneur de Limiers et du Boschel lui en aurait parler et lui aurait confier un messages pour deux destinataires au lieu d'une seule. Mais combien de temps La Hire allait-il garder ce message ?

En venant à Sully, le chemin l'avait conduit à Limiers où il avait pu se recueillir dans le domaine de Bulvaï. Il n'avait visiblement pas bougé, comme si le temps s'était arrêter dans ce petit hameau. L'esprit de l'errant semblait encore bien vivant et il en avait oublié le temps, pourquoi il s'était arrêté céans ... pèlerinage ... une dernière leçon ... LA dernière leçon, et certainement la plus importante puisqu'elle ne concernait pas le combat, la guerre ou les armes mais l'esprit, l'honneur ...

Regardant Anya et Akane et leur groupe assez restreint avec Zelenka et Lexhor, il se décida. Il prit Zelenka par le bras, la regarda dans les yeux le visage fermé et s'approcha de son oreille.


Excuse-moi très chère, il faut que je m'acquitte d'une mission, tu ne t'éloignes pas n'est-ce pas ?

Il lui avait dit cela comme s'il avait besoin de son soutien, comme s'il avait besoin d'être rassuré, mais pourtant au fond de lui, il savait qu'elle serait toujours là. Il fit un pas pour se rapprocher d'Anya, il la regarda, se pinça la lèvre inférieure hésitant entre familier et solennel. Il opta pour la seconde option.

Vostre grâce, il faudrait que je m'entretienne un moment avec vous. Je .... Je ne sais pas si le moment est bien approprié en cette soirée de festivité ... mais pourriez-vous m'accorder un moment je vous prie ?

Il tenta un sourire espérant briser la glace et par la même occasion se sentir plus à l'aise.

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Anya Giffard de Puycharic

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MessageSujet: Re: Un message posthume.   Un message posthume. EmptyMar 7 Fév - 23:21

Un mariage, des festivités, et elle ne s'y sentait pas à sa place. Il n'y avait pas que le fait qu'elle y était venue seule, non. Rien que le mot "mariage" suffisait à la mettre mal à l'aise, mot encore trop douloureux en ces temps troubles où elle voguait entre deux eaux. Un mariage... l'espoir que son frère l'amène un jour devant l'autel afin de l'unir à son vassal, le Seigneur de St Nicolas de la Taille, Juge à la Cour d'Appel, s'amenuisant chaque jour davantage.
Elle n'avait assisté à celui-ci que en mémoire de son frère et pour Kalimalice. Sa présence était comme lui donner sa bénédiction d'avoir épousé un autre que son frère.
En même temps, elle ne pouvait vivre continuellement dans ce deuil qu'elle n'avait que trop porté. De nouveaux jours colorés s'offraient à elle, et la jeune Duchesse ne pouvait manquer cela, même si force était de constater qu'elle ne s'y sentait pas à sa place. Sa soeur était accompagnée, de son "oncle", certes, mais accompagnée tout de même, alors qu'Anya se retrouvait dans une foule d'inconnus. Comme une légère oppression dans ces cas là, pas bon pour son coeur que cette sensation. A cet instant, elle aurait voulu disparaitre. D'ailleurs, si elle partait, personne ne le remarquerait. Ce petit bout de femme faisait pâle figure au milieu de tous ces nobles, et cette envie d'être seule avec elle-même plutôt que seule au milieu de tout ce monde.

Elle allait s'avancer vers sa soeur pour lui signifier qu'elle prenait congé, lorsque l'escuyer de son "oncle" s'approcha et la regarda, avec ce petit air gêné. C'est qu'il en était presque mignon à voir ainsi, comme si elle allait le mordre. La Blanche ne mordait pas, elle serpillait. Et force était de constater que ces derniers temps, elle ne serpillait plus, signe qu'elle n'était pas au mieux de sa forme. Elle répondit au sourire d'Etienne par un autre.

Vostre grâce, il faudrait que je m'entretienne un moment avec vous. Je .... Je ne sais pas si le moment est bien approprié en cette soirée de festivité ... mais pourriez-vous m'accorder un moment je vous prie ?

Moment approprié ? En cette soirée de festivités ? Avoir un brin de causette ne pouvait pas être pire que de voir tous ces gens et que personne ne lui adresse la parole. Puis... fut un temps, à des joutes, il lui avait dit vouloir en connaître davantage sur la famille et le fameux arbre généalogique. Peut-être voulait-il parler de cela, avant qu'il n'amène sa douce cavalière se faire caresser les pieds de ses chausses.
Elle lui adressa un doux sourire. Même dans la mélancolie la plus profonde, la jeune femme savait garder ce sourire et surtout en afficher un lorsqu'on l'abordait de la sorte.

Ce serait avec plaisir... désirez-vous que... enfin, je ne sais pas la teneur de vostre entretien, mais... désirez-vous que nous nous éloignions un peu ?

Elle lui présenta du menton un banc en pierre, non loin de là, plutôt à l'écart de la foule ou alors ce balcon ? Bien qu'il faisait un peu frais, à y regarder de près. Mais elle lui laisserait le choix de l'endroit. Lui seul connaissait le contenu de ce qu'il avait à lui confier, aussi, lui seul pouvait définir quel endroit serait le mieux.
Elle lui offrit sa main, pour qu'il la guide en l'endroit des confidences, et toujours son sourire accueillant sur le bout des lèvres.
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La Hire

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MessageSujet: Re: Un message posthume.   Un message posthume. EmptyMer 8 Fév - 13:52

Il existe parfois des moments où on voudrait être ailleurs, même si pour cela il fallait se retrouver dans une situation pire que celle dans laquelle on se trouve ! En cet instant, La Hire aurait préféré mille fois être au combat … danser avec la mort, l'image d'une danse macabre, chorégraphie de lames se jaugeant, s'entrechoquant tout en cherchant la faille lui plaisait beaucoup … insouciant, inconscient des risques encourus … frapper de taille ou d'estoc, taillant l'ennemi tout en prenant le risque d'avoir le dessous… Mais en cet instant, il lui fallait affronter une autre réalité, celle de parler d'un défunt à sa famille.

Il prit la main que lui tendit la duchesse d'Arques et regarda autour de lui dans l'espoir de trouver un endroit calme et quelque peu isolé de la grande salle de réception de Sully où ils pourraient discuter en toute tranquillité. L'ayant trouvé à quelques pas de l'endroit où le groupe se trouvait et légèrement à l'écart du centre de la vaste salle où se trouvaient la plupart des invités, il s'y dirigea entrainant doucement Anya. Quelques fauteuils étaient installés en cercle autour d'une table basse. Une corbeille de fruits secs, quelques pommes, un bouquet de fleurs séchées mélangés à quelques épis de blé étaient posés en son centre en guise de décoration. Il l'invita à s'asseoir, préférant rester debout. Etait-ce par respect vis-à-vis du rang de son interlocutrice ou parce que cela lui permettrait de partir plus vite ? Il ne le savait pas lui-même … ce fut … d'instinct. Il prit une profonde respiration, souffla brièvement puis se lança.


C'est la troisième fois que nos chemins se croisent n'est-ce pas ? il y eu Le Lavardin, Montpipeau et aujourd'hui, jour des noces de ma marraine Dame Kalimalice. Saviez-vous qu'elle était ma marraine devant Aristote ? Il ne lui laissa pas le temps de répondre. Peu importe, là n'est pas le propos. Se passant la main dans ses longs cheveux, il poursuivit. Je dois m'acquitter d'une mission ma Dame, une mission qui m'est difficile tant j'ai du mal à trouver les mots. Un instant de pause pour rassembler ses idées et chercher par où commencer. Comme vous le savez, je suis l'écuyer de sa Grâce Lexhor d'Amahir, vostre oncle si j'ai bien tout suivi. Mais avant cela, j'étais l'élève de feu vostre frère Messire Bulvaï d'Austrasie, Seigneur du Boschel et de Limiers. Re pause pour faire prendre à Anya la mesure de ses propos. Oui cela peut être curieux, un caprice du destin, un chevalier arrivant ruisselant, fatigué et affamé dans un corps de ferme perdu dans l'Alençonnais. Un jeune homme rêvant à une autre vie … Un chevalier las, usé aspirant au repos … il n'en fallait guère plus. J'ai eu le privilège d'être son élève durant des mois et si je suis céans aujourd'hui, c'est grâce à lui. Malade devait il être bien que je ne l'ai rarement entendu se plaindre même si je pouvais remarquer parfois qu'il se fatiguait plus vite qu'à l'accoutumée. Je fus peut-être le dernier à l'avoir vu de son vivant et il m'a parlé une dernière fois avant de s'endormir un soir d'hiver, s'endormir pour ne jamais se réveiller. Ces derniers mots furent pour les femmes qu'il avait dans son cœur : sa bien-aimée et sa sœur.

Il s'arrêta de parler, tourna la tête et regarda Akane en compagnie de Lexhor et de Zelenka à quelques pas d'eux. Bulvaï lui avait dit sa sœur et non ses sœurs. Aujourd'hui devait-il associer la Brune à la Blanche ? Cruel dilemme. Il reprit.

Je suis désolé, je suis un peu perdu. Je savais pour vous mais j'ai appris pour Dame Akane lorsque nous étions au Lavardin. Bien que mon maitre m'ait beaucoup parlé d'elle comme sa sœur de l'Ordre, Ryes, l'escorte du Roy Levan III, les batailles où était engagée la Licorne, je doute qu'il connaissait les liens de parentés qui existaient entre eux deux. Peut-être m'en apprendrez vous plus sur le sujet ? Savait-elle à cette époque pour son frère ? Voudrait-elle m'entendre aujourd'hui ? Quoiqu'il en soit, ses dernières pensées furent pour vous et peut-être vous deux. A vous sa sœur voire ses sœurs, il m'a chargé de vous dire qu'il regrettait de ne pas vous avoir octroyé plus de temps, de ne pas être venu plus souvent en Normandie. Il a regretté de ne point s'être comporté en frère conseiller et protecteur. Peut-être avez-vous eu un jour besoin de lui ? Ce jour là, il n'était pas céans, il l'a profondément regretté… Comme il me l'a dit un jour: il faut dire à ceux qu'on aime qu'on les aime tant qu'on est vivant car si on oublie de le leur dire, on le regrette amèrement un jour ou l'autre lorsqu'on ne peut plus le faire. Il avala sa salive et la regarda dans les yeux réfléchissant à ses paroles et si elles avaient bien été le reflet du message posthume qu'il devait délivrer. Voilà en quelques mots ce que voulait vous dire vostre frère. Il regrette de ne point avoir été là pour vous et espère que vous le lui pardonnerez.

Il resta silencieux, immobile, nostalgique, guettant une réaction de la jeune duchesse pour savoir s'il pouvait rejoindre le reste du groupe ou si elle désirerait l'entretenir plus longuement.

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Anya Giffard de Puycharic

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MessageSujet: Re: Un message posthume.   Un message posthume. EmptyMer 8 Fév - 14:55

Il lui prit la main. Pourquoi les hommes avaient-ils toujours les mains chaudes alors que les siennes étaient bien trop souvent gelées ? Bien que l'adage se voulait être "mains froides coeur chaud", il se trouvait que le sien, de coeur, était bien plus réduit en miettes qu'autre chose. Mais là n'était point le sujet d'entretien de l'escuyer de son "Oncle". Il l'entraîna dans un coin tranquille, loin de tout brouhaha et qui permettrait de ne point avoir besoin de hausser le ton pour se faire entendre. Il l'invita aussi à s'asseoir, mais elle préféra rester debout. Malgré son rang, son naturel reprenait toujours le dessus, et il lui était inconfortable de le savoir lui debout et elle assise.
Il commença à parler, apparemment un peu mal à l'aise, cherchant ses mots, commençant par une introduction qu'elle connaissait quelque peu mais à laquelle elle ne put répondre au vu du fait qu'il continua, sans lui laisser l'occasion de placer un seul mot.

Ainsi, il avait connu son frère ? A la seule évocation de son prénom, une salve de frissons la parcourut, comme un froid dans le dos, et regard émeraude de la Blanche qui se planta dans celui de l'escuyer. Nul doute qu'il y lirait le trouble que produisait le simple fait de prononcer ce prénom. Bulvaï... Coeur qui se mit à battre plus fort, et comme une boule qui s'installait maintenant en sa gorge, déglutition quelque peu difficile. Elle écouta la suite avec attention, le trouble la gagnant davantage, un léger vertige, même...
Lors de l'annonce de sa mort, le choc et la douleur avaient été tels que son coeur avait été mis à rude épreuve. Les frères Giffard étaient forts, robustes... les soeurs aussi, mais la petite dernière avait un coeur bien fragile, ce qui lui avait valu plusieurs fois d'aller taquiner la barbe blanche du Très Haut, sans pour autant que ce dernier veuille la garder auprès de lui.
Bulvaï avait laissé un message à ce jeune homme. Jeune homme qui avait eu la chance de passer du temps auprès de lui. Une légère difficulté à respirer tout à coup, qu'elle essaya de maîtriser. On était médecin ou on ne l'était pas, et même là, elle avait du mal à gérer tout le flot d'émotion qui l'inondait.

Ses poings se resserrèrent, ses yeux devinrent, malgré elle humides, émeraudes dans un bain de sel, silencieux. Ainsi son frère regrettait... Elle avait souffert de son absence, certes, mais bien plus de son silence, s'inquiétant de savoir où il pouvait bien se trouver, inquiète de savoir sa belle-soeur seule et elle-même sans nouvelles. Elles avaient craint le pire, et ce pire, c'est Kali qui le lui avait annoncé par missive. Mais ce jeune escuyer avait été présent au dernier souffle de son aîné. Dernier souffle accompagné de mots, pour elle et Kali.

Les mots d'Etienne semblaient s'éloigner, comme si elle se trouvait maintenant enveloppée dans un coton ou un brouillard qui l'éloignait de tout. Elle qui avait ressenti la mort de son frère comme un abandon. Cette période avait été dure, puisque quelques mois auparavant, elle avait perdu père et mère, tombés lors d'une attaque en Anjou. Son frère, sa seule famille à l'époque, l'abandonnait elle aussi.
Heureusement, elle avait eu des proches qui avaient pris soin d'elle, notamment son ami et médecin, Meleagre, puis Akane. Anya avait toujours su que Bulvaï l'aimait.
Tous les moments précieux qui leur avaient été offerts de partager, elle ne l'avait pas ménagé de ses taquineries. "La fougue de la jeunesse", comme aimait à le dire son frère. Elle se remémorait les moments passés à Pourpre, notamment.

Tout ce que lui disait Etienne la chamboulait réellement, et elle se devait de ne point montrer cette faiblesse qui la gagnait suite à ces aveux. Raté.
Elle s'approcha du mur, pour y prendre appui, lui tourner le dos, qu'il ne voie pas que les flots salés inondaient ses yeux et ses joues. Grande inspiration, voix quelque peu mal assurée... elle réussit à articuler quelques mots. Fermer les yeux, rester forte, main gauche qui se referma sur ce mur froid.

Bul... il... il ne savait pas pour Akane. Nous avons su que Akane et Julien étaient nos frère et soeur... suite à sa... mort. Julien et Akane portaient ce même anneau que Bul et moi... le même que nostre père. Mais Bulvaï a toujours cru que j'étais sa seule et unique... soeur.

Léger silence.

Même si je sais qu'il a toujours considéré Akane comme telle, suite aux liens qu'ils avaient chez les Licorneux.

Puis lui revint en pensées le visage de son frère, son rire... Dieu qu'elle aimait l'entendre rire lors de leurs chamailleries, elle boudeuse et parfois capricieuse, enfant pleine de vie, lui, grand frère qui jouait parfois le faussement fâché, mais qui ne rechignait jamais à entrer dans son jeu. Jamais la jeune femme aurait pensé que telle discussion, comme elle avait en ce moment, réveillerait tant de souvenirs mêlés à une douleur enfouie qui resurgissait d'un coup.
Elle ne se retournait toujours pas. Pleurer devant lui, voilà qui n'était pas forcément correct pour une Duchesse.

A-t-il souffert ?

Elle était médecin, et en plus du côté personnel, le côté professionnel prenait le dessus dans cette question. Elle n'avait pas été aux côtés de son frère pour ses derniers moments... elle n'avait même pas été là pour le soigner... Elle espérait juste qu'il avait quitté ce monde sans trop de souffrances.
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La Hire

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MessageSujet: Re: Un message posthume.   Un message posthume. EmptySam 11 Fév - 8:47

Comment parler d'un défunt à sa famille qui l'aimait sans provoquer la peine, la tristesse, les regrets, les pleurs, la douleur … ? Il regarda avec compassion cette jeune personne qui se trouvait debout, devant lui, qui lui tournait le dos pour cacher sa peine. Il la connaissait peu, c'était seulement la troisième fois qu'il croisait son chemin, elle ne lui avait rien fait mais en cet instant, La Hire perçut la difficulté de sa mission, porter un message n'était pas aussi évident qu'il pouvait le croire. Il avait l'impression qu'il lui aurait fait moins de mal s'il lui avait porté un coup de poignard dans le cœur, les mots peuvent être plus affutés et plus destructeurs que les lames.

Il avait cru qu'une fois le message transmis, il pourrait retourner à ses occupations, à sa vie mais la jeune duchesse voulut en savoir plus sur son frère, notamment s'il avait souffert. Quoi de plus humain que de s'enquérir de la souffrance d'un proche lorsque le faucheux est passé, comme si on espérait par les pensées, la parole, pouvoir encore en retirer ne serait-ce qu'une once au mourant pour le soulager, l'aider à passer de l'autre coté, l'apaiser. Et puis d'ailleurs, pourquoi souffrir ?

La Hire n'était pas spécialement doué pour de belles paroles, plutôt le genre brut de fonderie, aussi il ne répondit pas de suite, cherchant les mots adaptés qu'il pourrait dire à la jeune duchesse sans faire naitre chez elle un sentiment de remord, de regret, de na pas avoir été au chevet de son frère mourant. Mais la tâche lui était simplifiée puisque l'errant s'était éteint durant son sommeil.


Soyez rassurée, il n'a pas souffert. Il s'est endormi un soir pour ne jamais se réveiller. Sa cape de la licorne posée en guise de couverture sur son corps n'était même pas froissée, il ne s'est pas battu avec la Mort lorsqu'elle est venue le prendre. Son visage était sans ride, sans marque de douleur ou de souffrance, il avait l'air apaisé, comme s'il se reposait, soulagé d'avoir posé un lourd fardeau qu'il aurait porté.

Et peut-être en portait-il un se demanda l'écuyer. Puis il reprit.

Mon maitre était arrivé, fatigué, épuisé et ma mère l'a soigné mais son mal devait être plus profond qu'il n'y paraissait. Il était certainement malade depuis quelques temps puisqu'il toussait régulièrement même s'il n'avait pas l'air d'en souffrir lorsqu'il a commencé ma formation. Sur la fin, cela devenait plus difficile pour lui. L'entrainement aux armes prenait moins de temps qu'au début et il passait de long moment à me raconter sa vie, ses campagnes. Il toussait de plus en plus et je voyais qu'il crachait parfois du sang quand il se détournait. Il ne me disait rien sur le sujet, il se contentait de me répondre juste "ça va" et de ne pas me faire de souci lorsque je m'enquérissais de sa santé, mais je savais que les moines lui donnaient régulièrement des décoctions, des tisanes pour calmer ce qui le brûlait de l'intérieur.

Que dire de plus ? Que dire de plus pour ne pas encore en ajouter au chagrin de la jeune duchesse dont il ne voyait pas le visage ?

Il est une question que je me suis toujours posé depuis et dont je n'ai pas de réponse. J'avoue ne lui avoir jamais demandé, peut-être parce que je croyais en avoir le temps, ou parce que je pensais qu'un jour il m'en parlerait sans que je lui demande. Pourquoi moi ? Pourquoi avoir entrepris de me former à l'art de la guerre et du combat et m'inculquer toutes les valeurs qu'il appliquait ? Il a du rencontrer beaucoup de jeunes novices susceptibles de devenir son élève …

Etienne baissa la tête et se tut comme s'il continuait à chercher une réponse qu'il ne trouvera jamais. Il releva la tête avec un léger sourire et ramena la conversation sur le vivant de l'errant.

En tout cas, vostre frère était un bon vivant !!! On en a mangé des terrines, des cygnes, des faisans, des civets !!! On en a vidé des chopines de bière et des pichets de vin !!! Il connaissoit par cœur la cave et les cuisines de l'abbaye. Pour lui, le repas était un moment privilégié, un moment sacré et il étoit hors de question de mangeailler !!! non il fallait festoyer et il aimait bien la bonne chair et le bon boire !!! Je pense que c'est pour cela qu'il aimait bien les moines car il parlait plus facilement bouffe que religion avec eux mais ils ne lui en ont jamais voulu. … On s'en est prit quelques musettes ensemble avec les moines …. Il secoua sa main, ne trouvant pas les mots adaptés au niveau de saoulographie atteint lors de ces cuites. Et il étoit également hors de question de ne pas vider quelques chopes de bière après l'entrainement avec les armes.

Il se remémora quelques scènes qui lui revenait en mémoire et cela le fit sourire.

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Akane

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MessageSujet: Re: Un message posthume.   Un message posthume. EmptySam 11 Fév - 11:14

Elle avait saisi le regard d’Etienne dict la Hire, et quand elle le vit s’éloigner avec sa sœur, elle les laissèrent parler un peu avant elle aussi de les rejoindre. Doucement, elle se détache du bras de l’Amahir, lui signifiant qu’elle devait s’entretenir avec son écuyer. Le duc serait certainement étonné d’un tel revirement de situation, mais la brune avait vu dans le regard qui lui était adressé que c’était important.

Elle vint vers donc l’écuyer et sa sœur d’un pas lent. Elle souffrait de sa blessure, mais ce soir, oui ce soir, elle voulait tout oublier, tout ce qui pouvait lui crever le cœur à petit feu, tout ce qui lui pesait sur ses frêles épaules. La normande était presque la plus âgée de la famille, et elle n’avait pas le droit de défaillir. Même si depuis peu, elle réapprenait à sourire parfois quand elle se trouvait en une bonne compagnie…

Elle arrive non loin des deux personnes qui discutaient, se tient un peu à l’écart, et adresse un regard à l’homme. Loin d’être folle, elle vit le regard triste de sa sœur. Si l’orléanais avait dit ou fait quelque chose qui pouvait blesser la frangine, ça allait barder…
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Anya Giffard de Puycharic

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MessageSujet: Re: Un message posthume.   Un message posthume. EmptyLun 26 Mar - 22:19

Les larmes coulaient encore silencieusement, et le visage de son frère qui lui revenait sans cesse. Anya écoutait attentivement ce que l'escuyer lui contait. Ainsi son frère n'avait pas souffert. Ainsi il était malade depuis fort longtemps. Vrai qu'il lui avait paru fatigué, la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Mais elle ne le pensait pas si malade. Un instant, elle se demanda si Kali avait su tout cela.
Puis arriva le questionnement :

Pourquoi moi ? Pourquoi avoir entrepris de me former à l'art de la guerre et du combat et m'inculquer toutes les valeurs qu'il
appliquait ? Il a du rencontrer beaucoup de jeunes novices susceptibles de devenir son élève …


pourquoi lui ? Sans se retourner, elle lui répondit :

Mon frère avait ce don de savoir qui étaient les gens. Il avait cette sensibilité de sentir qui était bon ou mauvais, qui méritait sa confiance, ou pas. Je suppose que si vous avez eu son entière confiance et avez eu droit à ses apprentissages, c'est qu'il a dû voir en vous le fils qu'il n'a jamais eu. Sentir que jamais vous le trahiriez. Sentir que vous en étiez digne.
Et rien que pour cela, et ce, même sans vous connaître, je ne puis que vous accorder cette même confiance.


Puis Etienne aborda un tout autre sujet. C'est les yeux toujours humides qu'elle se retourna vers lui, un léger sourire naissant sur son visage. Le chagrin était toujours là, mais au-delà de la douleur de la perte de son frère, il y avait aussi tous ces bons souvenirs. Toutes ces petites choses qui faisaient qu'il vivait encore. Si ce n'était physiquement, au moins dans les souvenirs et dans les coeurs.
Elle reconnaissait bien là son frère. Un bon vivant. Ils étaient ainsi dans la famille. Avec ce petit grain de folie qui faisait qu'ils étaient en général de bonne compagnie. Il ne fallait juste pas les trahir. Ne jamais trahir un Giffard.
Son frère les avait quittés, mais il s'était éteint serein. Du moins, c'est cette image qu'il fallait qu'elle garde.

Je n'ai pas de souvenirs de "combats" à l'épée avec mon frère. Sans doute me trouvait-il trop jeune, trop fragile... peur de me faire mal... ou au contraire, peur que je me débrouille mieux que lui. Autre sourire. Des batailles de coussins de plumes... il était souvent perdant.

Regard vers l'escuyer.

Merci. Merci de m'avoir confié tout cela. Et... je suis heureuse que vous ayez connu Bulvaï. Il vous a sans doute beaucoup appris, et nul doute que ceci est un réel "trésor". Ou du moins une vraie richesse. Que ce soit de coeur, d'esprit, ou de... tout.
Mon frère n'avait pas sa langue dans sa poche. Je me rappelle qu'en politique, il n'était pas tendre...
ça, c'était de famille aussi. Mais pour le reste. Il avait le coeur sur la main.
Je regrette de n'avoir pu passer plus de temps à ses côtés.


Dernière édition par Anya Giffard de Puycharic le Lun 26 Mar - 22:20, édité 1 fois (Raison : désolée pour tout ce retard...)
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