Alors qu’Alexandre avait fait l’annonce de leur union à la famille et que certains membres étaient venus le féliciter, la rouquine en avait profité pour s’éclipser, préférant l’air frais de cette fin d’été à cette salle où l’air semblait lui manquer. Depuis quelques jours, elle se sentait oppressée, stressée, paniquée. En fait, trop de choses arrivaient en même temps. Ça allait beaucoup trop vite pour cette femme qui n’était encore qu’une veuve inconsolable il y a de cela quelques mois à peine.
Prenant de grandes inspirations, respirant à pleins poumons cet air bienfaiteur, la vicomtesse évoluait dans les jardins d’un pas hésitant. Elle connaissait le domaine et la famille depuis si longtemps que se promener au hasard d’une allée, lui était presque trop familier, et penser que ce serait bientôt chez elle, rendait la chose que plus étrange.
Soudain le parfum un peu trop enivrant d’une fleur vint lui chatouiller le nez et titiller sa nausée, lui retournant violemment l’estomac.
Une grimace déforma les traits de son visage tandis que la rouquine se penchait pour expectorer la bile qui lui remontait l’œsophage, tout en prenant bien soin à bien tirer ses jupes pour ne point les tâcher.
Dans un dernier râle, elle s’essuya les lèvres du revers d’une manche tout en s’éloignant précipitamment du lieu de délit pour s’écrouler sur un banc qu’elle trouva plus loin.
Tout en reprenant son souffle, elle focalisa mentalement son attention sur le décompte des semaines et des jours. Le compte n’y était pas encore, elle devait se résigner au silence alors que l’angoisse et l’impatience faisait rage en son sein.
Comme cela l’aurait soulagé de pouvoir en parler avec Alexandre !
Dans un soupir, elle se releva et mit de l’ordre dans ses jupes avant de gravir la petite côte qui la menait tout droit à la demeure. Il ne lui restait que très peu de temps pour les préparatifs et surtout pour trouver qui serait le témoin d’Alexandre.