Fatigué ... las ... non pas une fatigue physique car l'orléanais était dans la fine fleur de l'âge, mais il était épuisé psychologiquement, nerveusement. Il n'avait guère de moment pour lui, il courait sans cesse, d'un château à l'autre, d'une mission à l'autre, il avait tant de choses à faire tandis qu'il pensait qu'il n'aurait pas le temps nécessaire pour tout faire. Peut-être avait il trop de tâche qu'il ne pouvait honorer ? Il ne le pensait pas, il avait justement démissionné de diverses fonctions pour ne se consacrer qu'à ce qu'il lui semblait le plus important.
Bulvaï venait d'être élevé chevalier errant dans l'ordre royal de la Licorne, chose curieuse, moment involontairement choisi où le vocabulaire se rapprochait de ses états d'âme : il avait envie d'errer, d'être sur les chemins, de parcourir le royaume, suivre la voie de la chevalerie, il sentait qu'il devait le faire, il le ferait seul ou avec Kalimalice mais il ressentait l'appel des chemins et il ne pourrait rester à Montargis s'occuper de ses champs.
C'est dans cet état d'esprit qu'il arriva à Limiers, petit hameau proche de Yevres. Il salua les villageois qui venaient à sa rencontre, discuta avec eux, s'enquérit de la situation du hameau, de ses gens, de leurs besoins de leurs aspirations, il but un verre avec eux et lorsque chacun retourna à ses occupations, il entra dans la demeure seigneuriale. Un feu crépitait dans la grande cheminée, il se dirigea vers le fauteuil, enleva ses bottes et son mantel et s'assit puis regarda les flammes danser dans l'âtre. Son esprit vagabonda de pensées en pensées puis doucement l'errant s'endormit.
Sans le savoir, Limiers devait être le havre de paix dont il avait besoin pour se reposer, pour se ressourcer.