visite de courtoisie

Après avoir laissé un message à son parain absent de sa demeure pour changer, Adela décida de faire un dernier détour avant de prendre une bonne fois pour toute la route.
Elle frissonnait rien qu'à l'idée de voyager chargée comme elle l'était, et seule. Mais elle évitait de penser au risque de mauvaises rencontres sous peine de perdre le peu de détermination qu'il lui restait.

Bien le bonjour ! lança-t-elle en entrant dans la cours, espérant se faire assez entendre pour que l'on vienne l'accueillir.

Fur entendit appeler dans la cours..

Il descenda... Pour y voir Adela...

Il était heureux de revoir son amie une derniere fois

Bienvenue ma chère,

Je suis heureux de vous voir une derniere fois...

je vous en prie entrez

Adela ouvrit de grands yeux. Elle avait oublié que Fur vivait également ici. A vrai dire, Fur et Fauville se ressemblaient tellement peu qu'elle oubliait facilement qu'ils étaient frère.
Elle se sentit rougir de son idiotie.

Euh... Oui, bonjour... Merci... C'est que je ne suis que de passage, je voulais présenter mes salutations à votre frère avant de prendre la route. Vous lui transmettrez ce message :

Citation :

Cher ami,

Je tenais à vous écrire ces quelques lignes pour vous féliciter pour le baptème de votre petite Clémence. Vous me voyez au regret de n'avoir pu participer à ces festivités. Je vous présente également mes sincères salutations car je quitte ce duché. Ma décision est définitivement prise. Je ne sais encore où je vais me rendre exactement. Je me fixerais surement là où Aristote m'accordera le bonheur de pouvoir fonder une famille.
Au revoir et à bientôt. Qu'Aristote prenne soin de vous et des vôtres.

Adela.

Adela lui remit le courrier, prenant bien soin de ne pas croiser son regard, et s'en retourna toute tremblante à son cheval. Un instant elle hésita avant de le monter et de s'éloigner sans un regard en arrière. Son visage était inondé de larmes, chose que Fur ne pouvait voir puisqu'elle lui tournait le dos. Pour la deuxième fois aujourd'hui, elle avait renoncé à son amitié puisqu'elle n'aurait jamais son amour.

Alors qu'il était attablé dans la bibliothèque, le Duc, entendus une voix dans le cour. Il releva la tête et rapidement, il entendis qu'une brève conversation s'engagea. Il se leva donc par appercevoir les deux personnes, il s'agissait d'Adela et de Fur.

A peine était il arrivé au rebord de la fenetre qu'il vu Adela remettre un document à Fur et s'en retourner et franchir la porte de la cour.
Il interpela alors son Frère pour en savoir un peu plus de cette visite éclair. Lorsque ce dernier lui indiqua que le courrier était à son adresse, il décida de descendre en prendre connaissance.

Il lut le courrier d'un regard rapide et fut attiré par les mots "Ma décision est définitivement". Il savait que généralement, on n'employait ce genre de termes c'était à l'occasion de grandes décisions. Il enfourna rapidement le courrier dans une poche et courru à la poursuite d'Adela.


Adela, Adela, Attends


La jeune femme se retourna, non sans essuyer les larmes qui avaient coulé sur son visage. Ce que le Duc remarqua tout de même.

Mon frère vient de me remettre ton courrier. Je suppose que si tu t'es déplacée jusqu'ici ce n'était pas uniquement pour me remettre ce courrier. Allons nous assoir sous le chêne par là bas, nous y seront bien pour discuter au calme.

Adela entendit Fauville l'appeler. Il était là finalement. En vitesse, elle s'essuya le visage et se pinça les joues. Elle se retourna, tentant d'afficher un petit sourire.

Oui, tu as raison...

Depuis son arrivée à Montargis, Fauville et Amro avait toujours été là pour elle. Ils étaient ses confidents. Et avant de partir loin d'eux, elle avait éprouvé le besoin de les voir, de leur parler... De se convaincre qu'elle avait fait le bon choix.
Elle s'assit à ses côtés. L'endroit était paisible et reposant. Son regard se balada sur l'herbe, à la recherche des mots, des phrases qu'elle pourrait dire... Mais rien ne lui venait. Elle inspira profondément et dit simplement.

Je m'en vais. Je n'ai tout simplement plus la force de vivre ici.

Adela leva la tête et regarda un peu autour d'elle. Il ne semblait n'y avoir qu'eux. Elle se détendit un peu. Elle ne s'était confessée qu'à Jades mais c'était parce qu'elle ressentait la même opression qu'elle.

Montargis est une drole de ville aux moeurs quelques peu... étranges. Il préfère la passion et la souillure à la noblesse et l'honneur. Ils n'ont même pas la fierté de se battre pour leur roy et leur duché. Ils se mellent toujours de tout et te juge sur tout.
Je ne partage plus rien avec eux, même plus l'envie de construire une vie meilleure pour ce duché.
Et puis comme une idiote, j'ai espéré... c'était égoiste de ma part je sais... Mais je ne pouvais cesser de me dire que peut-être que Fur...

Elle se sentit rougir. Elle avait honte de le lui dire. C'était son frère tout de même.

Je ne pourrais pas supporter d'assister à son mariage. Ce serait la cerise sur le gâteau si je puis m'exprimer ainsi.

Fauville assistait silencieux à la confession d'Adela, prenant le temps de la laisser s'exprimer. Lorsqu'elle se tus, il prit doucement la parole d'une voix calme.

Les villes évoluent, tu es en désaccord avec la gestion ou les moeurs qui y sont pratiquée je ne peux te dire que malheureusement celà arrive. Lorsque je suis arrivé à Montargis, je dois dire que je n'ai également pas toujours été d'accord avec les méthodes de certains. Nous avions entre autre une maison close pas su close que celà, et toute une ribambelle de débiles profonds. Il a fallut du temps pour que la ville soit fréquentable par les honnêtes gens. Au regard de ce qui se passe aujourd'hui, je dirais que la ville est un mieux mais que malheureusement, jamais la perfection ne sera atteinte ici sur terre mais nous devons essayer d'y tendre.

Comme tu dois le savoir, je suis en train de préparer une réformer assez importante pour le duché, je suis en train de m'entourer des personnes de volonté présentes dans le duché, et je t'assure que j'ai trouvé à Montargis des personnes intéressées et intéressantes. Certes nous ne sommes pas toujours du même avis mais nous devons apprendre à construire ensemble. J'ai été trop fortement décus de par les luttes intestines des mois passés que pour baisser les bras. Je veux me battre pour l'orléans.

Mais je pense que je m'égare quelque peu. Pour toi aujourd'hui tu ne te reconnais plus dans la ville et tu n'as plus la force de te battre. Je t'apprécie trop que pour te dire de te battre encore et encore, tu es une femme assez intelligeante que pour prendre une décision de manière réfléchie et si tu as décidé de partir, c'est que tu as tes raisons. Si tu as besoin que je te dise de rester, il faut que tu en émette le choix personnel, la décision doit etre tienne sans quoi tu le regrettera, je regretterai ton départ mais je le respecterai car il sera la suite de ta volonté.

J'entends tes propos au sujet de mon frère. Sache que je l'ai accompagne dans son choix. Tu le connais bien, peut etre même trop bien que pour savoir qu'il lui faut des jours et des jours avant de faire un choix. Ici il état balancé entre son coeur et ses obligations vis à vis de sa condition de noble. Tout comme le choix de ton départ t'appartient, le fait qu'il se choisisse une épouse était sien. Je n'ai fait que lui dire que quelque soit son choix il resterait mon frère et que je le soutiendrai dans son choix.
Je regrette énormément que son coeur ne se soit pas épris de toi, tu le sais bien, ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais il est tombé amoureux de sa paysanne... je ne peux tout de même pas le forcer.
J'étais tout aussi égoïste que toi en voulant qu'il t'épouse, je suis donc responsable de ce qui t'arrive aujourd'hui et je me sent redevable envers toi pour le malheur que tu porte aujourd'hui sur tes épaules.

Adela soupira.

Je suis désolée de ne pas être de ceux qui croient encore en ce duché. Et c'est bien pour cete raison que je préfère m'éloigner. Puet-être ai-je simplement besoin de prendre l'air comme tu l'as fait il fut un temps.

Un petit sourire étire ses lèvres.

Même si pour le moment, je n'ai qu'une envie être loin de ce duché et ne plus voir ni entendre ces gens si méprisants et hipocrites. Je n'ai aucune envie de dire que je reviendrais mais je peux changer d'avis...

Elle se rendit compte qu'elle n'en croyait pas un mot. Elle n'avait aucune envie de revenir à Montargis à moins que la population soit refaite de A à Z.
La jeune femme se leva et frappa ses jupes pour les remettre correctement en place.

Merci de m'avoir écoutée. Je désirais qu'au moins un de mes amis sache toutes les raisons pour lesquelles je quittais Montargis. Que ce n'était pas un abandon, mais simplement un pas vers l'avenir, le mien.

N'aie crainte, je sais tres bien que ce n'est pas un abandon. Je ne me permettrais pas d'en douter.

Je me doute bien que si tu es venue jusqu'ici c'était pour trouver une oreille attentive que pour vider ce que tu avais sur le coeur. Nous sommes amis de longue date maintenant et tu es venue au bon endroit.

Je sais tres bien que ce sont des adieux à la ville et à l'orléans que tu fais là. J'espère tout au moins que tu ne me fais pas tes adieux.

Merci, cher ami. Ne t'en fais pas, c'est un adieu à l'orléanais, pas à notre amitié.

Pour un homme que tout le monde dit sans sentiments, je t'assure de croire que cette nouvelle me brise tout de même le coeur. Même si tu m'assure que ce ne sont pas des des adieux que tu me fais, je ne peux m'empecher de souffrir car la distance se sera certainement pas le meilleur allier de notre relation.

J'ai connus celà en quittant la champagne pour l'Orléans. Même si je n'ai fais que 20 lieues vers l'ouest, j'ai malheureusement perdus le contact avec de nombreuses personnes. Oui, j'en vois encore de temps à autre mais globalement j'ai perdus beaucoup d'amis dans ce déménagement.

Donc je dirais que pour toi si tu cherche un nouveau départ, c'est la bonne voie mais ca me fait mal car le risque de te perdre est là.

Adela serra son ami contre son coeur.

Nous nous reverrons, sois en certain. Je ne laisserais pas s'éteindre notre amitié.

Je te fais confiance, je te connais trop bien que pour douter de ta parole, mais celà n'empeche que je suis triste de te voir partir mais si tu es plus heureuse ainsi alors je dois me réjouir.

Adela sourit tendrement.

J'ai encore tellement de choses à voir. Je ne connais même pas la Champagne qui est si chère au coeur d'Amro.

D'un air songeur, elle poursuivit.

Je veux que, lorsque mes yeux se fermeront sur ce monde, ils n'aient aucun regret hormis celui de ne pas avoir vu le visage qu'auraient eut mes enfants et mon époux, cette famille dont je rêve et dont Aristote me prive.

Elle parut sortir d'un rêve éveillé. Son petit sourire triste réaparût sur ses lèvres.

Allons cher ami ! Réjouis-toi car je reviendrais peut-être plus vite que tu ne le crois. Voyage n'est pas synonime d'éternité. Merci de m'avoir prêté ton oreille et ton coeur. Je t'en suis reconnaissante. A présent, il me faut prendre la route où m'attendent de nouvelles rencontres.

Adela ...ce n'est pas parce que tu n'as pas trouvé ici un époux et une famille que tu n'en trouvera pas. Une jolie jeune femme comme toi ne devrait pas avoir de mal à se trouver un époux. Il n'y a là aucun doute.


Et bien j'attends avec impatience ta prochaine visite alors. Mais qui sait, je serai peut etre amené à te rendre visite aussi.

Adela soupira.

Fauville, mon ami, tu sais très bien qu'il ne s'agit pas uniquement de Fur qui n'est finalement que la confirmation de mes craintes... Je suis lasse et brisée. Mon coeur ne se remettra pas d'une nouvelle blessure et c'est pour celà que je ferais en sorte qu'il ne batte plus pour qui que ce soit.

J'espère vraiment que tu pourras me rendre visite, que tu vois comme ma demeure est belle. Elle est quasiment achevée. Le décorateur est un peu désobéissant sur mes choix mais j'arriverais à obtenir de lui ce que je désire.

Adela, je sais tres bien que mon frère n'est pas la seule cause de ton tourmant, nous avons déjà évoqué par le passé tes souhaits mais aussi quelques unes des déceptions que tu as connus. Je ne sais pas tout de toi, et je ne le te demande pas mais je peux comprendre ou deviner quelques raisons qui t'on poussées à faire ce choix. C'est pour celà qu'aujourd'hui, je ne te demande pas égoïstement de rester.


Les décorateurs ... ils faut reconnaitre qu'ils ont plus d'un talent, ils ont bien celui de pratiquer l'art décoratif mais aussi celui d'etre en retard. A chaque fois que j'ai dus faire appel à l'un d'eux pour une de mes demeure ou pour le château d'orléans, il leur a fallu du temps ... beaucoup de temps et il y a des retouches à faire tous les jours. Enfin, certains dirons que c'est parce que j'ai des exigences assez hautes. Mais si même un Duc ne peut se le permettre alors qui le peut ?

Adela rit doucement.

Tu as bien raison. Et ne change surtout pas !

La jeune femme retourne vers sa monture, le coeur déjà plus léger.

Je vais y aller. Je voudrais arriver dans la première avant le coucher du soleil. Encore merci de ton écoute si précieuse et à bientôt.